Passionnée par la transmission, Emilie Steveler est enseignante-chercheuse en physique des matériaux depuis 2015 à l’INSA Strasbourg. Mais pas que. Elle investit une part importante de son temps pour promouvoir et faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes, lutter contre les violences sexistes et sexuelles, donner envie d’étudier les sciences… Voir les impacts positifs de son engagement est son moteur.

« Ce n’est pas simple tous les jours, mais ça vaut la peine de se battre pour ce que l’on a envie de faire. J’espère que ça le sera de plus en plus. En tout cas, on œuvre au quotidien pour cela » encourage Emilie Steveler quand elle s’adresse aux jeunes femmes. Parce qu’elle a été elle-même confrontée à ces problématiques, elle s’engage depuis plusieurs années pour faire progresser l’égalité à son niveau.

Biais de genre

Depuis plusieurs années, elle est référente égalité et membre du comité parité d’ICube, laboratoire  où elle est chercheuse. Et depuis 2023, elle est aussi référente égalité pour la délégation Alsace du CNRS (Centre national de recherche scientifique), au sein du réseau national de l’organisme. « Nous essayons de faire progresser l’égalité, la qualité de vie et les conditions de travail. Nous réfléchissons par exemple à la manière d’aider les femmes à reprendre leurs fonctions après un congé maternité. Nous sensibilisons et informons sur les violences sexistes, sexuelles ou homophobes. Je suis également formée au recueil de la parole des victimes de ces violences » explique-t-elle. Au sein de l’INSA Strasbourg, elle a aussi participé à la mise en place du dispositif de signalement et est habilitée à recueillir la parole pour ensuite orienter les victimes.

« Encore aujourd’hui, les femmes s’autolimitent. A compétences égales, un homme postulera même s’il ne coche pas toutes les cases, une femme ne postulera que si elle les coche toutes. C’est pourquoi il y a des manières de rédiger les offres d’emploi pour éviter les biais de genre » estime-t-elle. Dans le prolongement du mouvement Metoo, « le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche n’est pas épargné » regrette-t-elle.

Enseigner avant tout, les sciences par passion

« Depuis que je suis toute petite, je n’ai jamais envisagé autre chose que d’enseigner » dit-elle. Passionnée de sciences, elle choisit la physique des matériaux, et excelle. Major de promotion, elle obtient la mention très bien en licence et master à l’Université de Lorraine. Son stage en laboratoire lui donne le goût de la recherche et elle poursuit en thèse en 2009, où elle étudie une synergie entre silicium et terres rares dans la perspective d’augmenter le rendement des panneaux photovoltaïques.

Après son post-doc, elle devient maître de conférences à l’INSA Strasbourg par concours. Aujourd’hui, elle enseigne l’électricité, l’électromagnétisme et la physique des matériaux, de la première année (Sciences, techniques et humanités – STH) à la troisième année en génie électrique et génie thermique énergétique et environnement. Parallèlement, elle étudie les propriétés fondamentales optiques et optoélectroniques des matériaux semi-conducteurs au sein de l’unité de recherche ICube.

Cordées de la réussite : « Pousses d’architectes et d’ingénieurs »

L’égalité des chances lui tient à cœur, alors depuis 2016, elle s’investit dans les Cordées de la réussite, dont elle est co-responsable à l’INSA Strasbourg. Dans le cadre du projet « Pousses d’architectes et d’ingénieurs », elle accompagne des élèves de la filière STI2D (Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) du lycée Blaise Pascal de Colmar, de la seconde à la terminale. « Par équipes, ils doivent concevoir et fabriquer des véhicules électriques miniatures pour un concours national, parrainés par des étudiant.es de l’INSA Strasbourg. C’est un projet incroyable. C’est passionnant de les voir progresser, construire quelque chose alors qu’ils n’avaient aucune idée » s’enthousiasme-t-elle. Là aussi, on sent vibrer sa fibre pour l’enseignement.

Par Stéphanie Robert