Durant son projet de fin d’études et désormais comme ingénieure R&D au sein de l'unité de recherche ICube, Cléa Sieffert développe des systèmes innovants dédiés à la procédure de cimentoplastie. Retour sur son parcours et son activité :
Auteurs : Cléa Sieffert, Laurence Meylheuc
C’est quoi la cimentoplastie ? C’est en lien avec le génie civil?
Non, pas du tout. La cimentoplastie percutanée est une procédure pratiquée dans un service de radiologie interventionnelle qui consiste à injecter un ciment biocompatible (généralement du PMMA) dans les os. Le ciment est injecté à travers une aiguille sous contrôle radioscopique, permettant ainsi la réalisation d’un acte chirurgical minimalement invasif. L’opération a pour but de soulager les patients et de consolider l’os atteint le plus souvent de métastases osseuses ou d’ostéoporose. Très souvent réalisée dans les vertèbres, la cimentoplastie évolue aujourd’hui vers le traitement d’autres sites anatomiques plus volumineux tels que le bassin ou le fémur, où elle peut également être couplée au vissage percutané dans le cas de fractures pathologiques.
Le lien avec ta formation d’origine, c’est le polymère ?
Pas uniquement. Je suis effectivement diplômée de la spécialité plasturgie et j’ai suivi le parcours Mécanique numérique proposé au sein du département mécanique de l’INSA Strasbourg dès la 4ème année de formation. Je suis également diplômée du master Physique appliquée et ingénierie physique, parcours Modélisation numérique avancée co-accrédité par l’INSA Strasbourg, l’Engees et l’Université de Strasbourg, que j’ai suivi en parallèle de ma 5ème année. Mes compétences en modélisation numérique m’ont permises d’être opérationnelle dans la mise au point d’un nouveau système d’injection et le développement de pièces anatomiques (appelées fantômes) obtenues par fabrication additive et dédiées à la procédure de cimentoplastie.
Un nouveau système d’injection ?
Actuellement, l’ensemble du matériel d’injection est dédié à la vertébroplastie (injection dans les vertèbres) et n’est malheureusement pas adapté au traitement des os volumineux. Il existe naturellement des différences anatomiques entre bassin et vertèbre conduisant à des volumes de ciment mis en œuvre différents (jusqu’à 50 ml dans le bassin contre 2 à 3 ml pour une vertèbre). L’équipe Robotics, Data science and Healthcare technologies (RDH) de l’unité de recherche ICube, en collaboration avec le pôle imagerie du Nouvel hôpital civil de Strasbourg, a développé un système d’injection dédié aux gros volumes de ciment qui facilite grandement le geste médical pour des interventions sur bassin. Je suis ravie d’avoir pu contribuer à un tel développement.
European School of Interventional Radio (ESIR) 2022 – Institut de chirurgie guidée par l’image (IHU) de Strasbourg
Des fantômes pour quoi faire ?
Un système d’entraînement et de reproduction d’essais réels de cimentoplastie dans un bassin a également été développé par l’équipe RDH. Ce système permet aux internes en radiologie d’apprendre à injecter du ciment dans un bassin, sous contrôle radioscopique, sans recourir à des essais sur animaux par exemple. Le dispositif permet un retour d’effort durant l’insertion de l’aiguille dans l’os et durant l’injection de ciment. Pour finir, les pièces anatomiques conçues permettent de traiter différentes situations cliniques telles que l’ostéoporose, les métastases ou les fractures pathologiques.
Tu as participé aux journées European School of Interventional Radio (ESIR) 2022 ?
Oui, en effet, j’ai eu cette chance. Le système de test de cimentoplastie a été présenté et testé lors des journées de formation intitulées “Ablation from A to Z” organisées par l’ESIR au mois de février 2022 à l’IHU Strasbourg. Il a permis aux 21 radiologues internationaux présents de s’entraîner à l’insertion d’aiguilles dans le bassin pour la formation pratique aux procédures d’ablation dans les os.