Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est en thèse que Didier Kempf, ingénieur mécanique diplômé de l’INSA Strasbourg en 2004, a fait la connaissance du monde industriel. Le doctorat lui a appris à gérer un projet et c’est aujourd’hui ce qu’il met en œuvre chez Flender Graffenstaden, en tant qu’ingénieur projet, responsable d’équipe projet vente.
Etudiant, Didier Kempf n’était pas spécialement attiré par l’industrie, il en avait une image plutôt abstraite et floue. Les études en mécanique étaient par contre pour lui une évidence. Il découvre le monde de la recherche en cinquième année à l’INSA Strasbourg avec son projet de recherche technologique et son projet de fin d’études, tous deux au laboratoire des matériaux de l’INSA Strasbourg, sous la direction d’Hervé Pelletier.
« Esprit start-up »
Par curiosité et parce que l’opportunité se présentait, il poursuit en thèse au Laboratoire interdisciplinaire Carnot de Bourgogne (ICB) à Dijon, dans la droite ligne de son projet de fin d’études. Il étudie la caractérisation mécanique et chimique de surface dans le cas d’aciers inoxydables pour l’industrie nucléaire. « C’était trois années intenses, extrêmement riches, dans un monde sympa, avec l’esprit start-up ».
Impliqué à toutes les étapes, il apprend beaucoup. « C’est en thèse que j’ai eu mes premiers contacts avec le monde industriel, qui m’a beaucoup plu. Faire une thèse, c’est une vraie gestion de projet. Il fallait susciter l’intérêt des industriels et partenaires pour financer les expériences. C’est là que j’ai commencé à négocier des contrats, à monter des dossiers de financement, que j’ai appris à fédérer différentes personnes, à rechercher des partenariats, à travailler en autonomie et avec les autres… ». La thèse lui a également apporté une ouverture d’esprit, une capacité de prise de recul et de concentration.
Montée en grade
Il a su argumenter et valoriser ce savoir-être et -faire pour débuter sa carrière dans l’industrie en 2007, chez Flender Graffenstaden, fabricant français de réducteurs et multiplicateurs de vitesse pour l’industrie (équivalents de boîtes de vitesse, utilisés dans les moteurs, turbines ou générateurs industriels). Recruté comme ingénieur projet, il est chargé d’établir les devis techniques dans le cadre d’appels d’offres et de suivre la fabrication de l’appareil. L’ensemble de ce processus est appelé « projet », car chaque appareil est unique, créé pour répondre à un besoin précis.
Le relationnel avec le client, la vision globale du projet lui plaisent. « C’est un marché de niche, d’expertise, seules cinq entreprises au monde fabriquent ces appareils » précise-t-il. Celle de Didier compte 350 employés et la production est 100% alsacienne. Après trois ans, il a pris la responsabilité d’une équipe d’ingénieurs projet. Le management lui apporte beaucoup de satisfaction. Aujourd’hui, à 35 ans, il est attiré par la stratégie et aimerait monter en grade pour rejoindre le cercle des décisionnaires.
Ambassadeur de l’INSA Strasbourg
Autre source de satisfaction : l’enseignement et la transmission. Il a commencé à donner des cours à l’université lorsqu’il était en thèse, et dès qu’il le peut, il dispense des modules à l’INSA Strasbourg et à l’EM Strasbourg. Il est ambassadeur de l’INSA Strasbourg dans son entreprise, et inversement, dans le cadre d’un partenariat entre les deux institutions. Il forme régulièrement des élèves ingénieurs, stagiaires ou apprentis. L’élève est passé maître.
Stéphanie Robert